Article vu dans le BP du 23/08/2014  par Sylvie Montaron

La mémoire, son meilleur allié, c’est le bonheur

Plus de la moitié des plus de 50 ans se plaignent de leur mémoire. Mais cette plainte "banale" relève généralement d’un déficit d’attention, du stress ou de l’anxiété.

Avec le vieillissement de la population, les pathologies de la mémoire explosent. Un Français sur 4 de plus de 65 ans sera touché par la maladie d’Alzheimer en 2020, selon France Alzheimer. Et un malade sur deux ignore qu’il en est atteint. De quoi avoir des sueurs froides quand on oublie où l’on a mis ses clés trois fois dans la semaine… Plus de la moitié des plus de 50 ans et 70 % des plus de 70 ans se plaignent de leur mémoire. Pourtant, oublier quelques noms propres, où l’on a posé ses lunettes ou si l’on a pensé à couper le gaz avant de partir en vacances relève de la "plainte banale".

Alzheimer : un Français sur 4 en 2020

Des agacements quotidiens qui touchent les jeunes comme les vieux et font le bonheur du « dictionnaire des tracas » (1).

Ils sont très distincts de la  "plainte suspecte" : quand on oublie que ses enfants sont venus dîner deux jours plus tôt. Cette plainte-là émane de l’entourage car elle s’accompagne d’un changement de caractère et de perte de repères spatio-temporels. La plainte individuelle, le « j’oublie tout en ce moment », relève de l’attention et de la concentration. Des fonctions cognitives très perturbées par le stress et l’anxiété. "Prenez deux groupes de personnes âgées : au premier, dites que l’on va tester comment les gens se différencient dans des tâches de mémoire ; au second, que l’on va tester la perte de mémoire liée au vieillissement".

"Le second fera beaucoup plus d’erreurs. Activer des stéréotypes négatifs crée de l’anxiété et donne des résultats négatifs", explique Stéphane Adam, psychologue à l’université de Liège. Engueuler son conjoint est donc totalement contre-productif : il mettra juste plus de temps à retrouver ses clefs !

Parmi les autres ennemis de la mémoire figurent l’alcool et le manque de sommeil. On savait déjà que ce dernier consolide les informations apprises dans la journée. On a découvert récemment qu’il « nettoie » aussi le cerveau. Enfin, la dépression engendre des déficits de concentration et de mémoire tout comme les psychotropes (en particulier les benzodiazépines).

Mais la dépression est parfois aussi un « révélateur » de la maladie d’Alzheimer, compliquant son diagnostic.

Notes :

 (1) Le Baleinié (Points Seuil) est un « dictionnaire des tracas », composé de néologismes parmi lesquels : « xu » qui désigne « l’objet rangé mais où » et « être xu » pour « ne plus savoir ce qu’on est venu chercher dans la cuisine ».